Les dirigeants arabes à Bahreïn pour un sommet dominé par la guerre à Gaza

Les dirigeants arabes se réunissent jeudi à Manama, à Bahreïn, pour un sommet dominé par la guerre meurtrière entre Israël et le Hamas palestinien, qui ravage la bande de Gaza depuis plus de sept mois.

Certains d’entre eux sont arrivés mercredi soir dans la capitale du royaume du Golfe, où flottent les drapeaux des 22 pays membres de la Ligue arabe.

Les chefs d’État et de gouvernement de la région s’étaient déjà réunis en novembre à Riyad, en Arabie Saoudite, lors d’un sommet d’urgence organisé conjointement avec l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

Ils ont ensuite condamné l’offensive israélienne, tout en s’abstenant d’annoncer des mesures économiques et politiques punitives à son encontre, malgré la colère populaire dans un monde arabe et musulman attaché à la cause palestinienne.

Le sommet de Bahreïn pourrait être différent, dans un contexte plus favorable à l’idée d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien, prônée par les pays arabes, estime le professeur et analyste koweïtien Zafer Al-Ajmi.

L’opinion publique occidentale est devenue « plus encline à soutenir les Palestiniens et à mettre fin à l’injustice qui leur a été infligée au cours des 70 dernières années ». Et Israël n’a pas réussi à atteindre ses objectifs de guerre et est embourbé dans le conflit, dit-il.

Depuis le sommet arabe de novembre, le bilan des morts dans le territoire palestinien assiégé et bombardé par l’armée israélienne depuis plus de sept mois est passé d’environ 11 000 à plus de 35 000 morts.

– Changement de « ton » –

La guerre a débuté le 7 octobre après une attaque sans précédent du Hamas contre Israël, qui a fait plus de 1.170 morts, pour la plupart des civils, selon un bilan de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été kidnappées ce jour-là et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l’armée.

En réponse, Israël a promis d’anéantir le mouvement islamiste palestinien et a déclaré vouloir désormais détruire ses derniers bataillons en menant une offensive majeure à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Une grande partie de la communauté internationale s’oppose à une telle offensive dans une ville où s’entassent des centaines de milliers de personnes déplacées.

Face à l’ampleur de la catastrophe humanitaire à Gaza, et à l’enlisement des négociations pour une trêve, « le ton (des pays arabes) a changé », affirme Zafer Al-Ajmi, estimant que la déclaration finale du sommet pourrait cette fois inclure des mesures « contraignantes ».

Le message serait d’autant plus fort qu’il viendrait de Bahreïn, l’un des deux pays du Golfe, avec les Émirats arabes unis, pour avoir normalisé ses relations avec Israël en 2022, ajoute-t-il.

Outre la question palestinienne, les dirigeants arabes devraient se pencher sur d’autres conflits dans la région, au Soudan, en Libye, au Yémen et en Syrie, où sera présent le président Bachar al-Assad, après avoir été longtemps boycotté par le royaume.

Les attaques des rebelles Houthis du Yémen contre des navires dans la mer Rouge et dans le golfe d’Aden devraient également être à l’ordre du jour, estime le journaliste et analyste bahreïnien Mahmeed al-Mahmeed.

Le pays hôte est membre de la coalition maritime mise en place par les États-Unis pour contrer les attaques que ces rebelles pro-iraniens disent mener en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

« Ces voies maritimes vitales sont importantes non seulement pour les pays de la région, mais aussi pour l’économie mondiale », souligne-t-il.

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