La dissolution porte l’écart entre les taux d’emprunt français et allemand au plus haut depuis 2020

Cet écart permet de mesurer la confiance des investisseurs dans la capacité du pays à honorer sa dette. Cette situation a été ébranlée par les incertitudes politiques en France.

Le taux d’emprunt français à dix ans a continué de grimper mardi en début d’après-midi, à tel point que l’écart avec le taux allemand à même maturité a atteint un record depuis 2020, face aux incertitudes politiques en France après la dissolution de l’Assemblée nationale. Vers 12h35 GMT, le taux français s’établissait à 3,28% après avoir déjà augmenté la veille. Son équivalent allemand, considéré comme le plus sûr d’Europe, était à 2,64 %.

L’écart entre ce taux français et son équivalent allemand est un indicateur qui mesure la confiance des investisseurs dans la capacité du pays à honorer sa dette. La situation sur les marchés « illustre les craintes d’une dégradation de la qualité du crédit de la France par rapport à l’Allemagne et est liée au caractère coûteux des mesures possibles d’un point de vue budgétaire » en cas de victoire du Rassemblement national en France, explique Lionel Melka, gérant de Swann Capital. Sur le marché obligataire, on n’avait plus vu un tel écart entre les taux d’emprunt français et allemands pour des raisons de politique nationale. « depuis 2017, où l’on risquait de voir un second tour de l’élection présidentielle entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen »note Lionel Melka.

Le président français Emmanuel Macron a répondu dimanche à la victoire historique de l’extrême droite aux élections européennes par une dissolution surprise de l’Assemblée nationale. Toutefois, si le parti d’extrême droite français obtient de bons résultats aux élections législatives anticipées, cela sera synonyme d’un « augmentation des déficits budgétaires », commente Neil Wilson, analyste de Finalto. Cette incertitude surgit dans un contexte où le pays a récemment vu sa note de crédit dégradée d’un cran par l’agence de notation S&P. S&P avait sanctionné l’aggravation des déficits publics du pays et ne croyait pas à la promesse d’un redressement des comptes d’ici la fin du mandat d’Emmanuel Macron en 2027.