VIDÉO. « Cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le football », un documentaire qui analyse les ravages de la xénophobie dans les tribunes

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Un documentaire retrace l'avènement et les ravages du racisme dans le football.

Les stades français gangrènent par des supporters d’extrême droite
Un documentaire retrace l’avènement et les ravages du racisme dans le football.
(Mediawan – Troisième Œil)

Le documentaire du journaliste Mohamed Bouhafsi est diffusé mardi soir sur France 5.

Le football est le sport le plus populaire au monde et aussi celui dans lequel les incidents racistes sont les plus médiatisés. Si la Ligue de football professionnel (LFP), associée à la Licra, tente depuis cette année de lutter contre ce fléau, de nombreux dirigeants de clubs européens restent enfermés dans une forme d’impuissance face à un problème qui dure depuis des décennies.

Le documentaire Cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le football, réalisé par le journaliste Mohamed Bouhafsi et diffusé mardi 11 juin sur France 5 (21h05), analyse les ravages de cette xénophobie dans le football professionnel et amateur. Riche d’archives et de nombreux témoignages de footballeurs et de présidents de clubs, il retrace la genèse de ces discriminations et dresse également un constat alarmant.

Chants et slogans racistes, insultes et jets de bananes se multiplient depuis de nombreuses années dans les stades de football européens et ciblent plus particulièrement les joueurs noirs ou d’origine maghrébine. Un racisme qui a réellement pris forme dans les années 1980, en Angleterre et en Italie, dans des contextes de crises économiques et sociales majeures. Les groupes d’extrême droite fleurissent et leurs militants font alors de ces enceintes sportives le réceptacle de leurs idées les plus nationalistes et le lieu d’expression de leur xénophobie.

Ce phénomène touche particulièrement les tribunes des stades français. Si au début des années 1990, le club du Paris-Saint-Germain a vu émerger des hooligans extrémistes et cristallisé ce racisme, l’épidémie de ces violences est apparue, au fil des années, également sur les terrains d’autres équipes de la Ligue. 1.

« Certaines positions en France sont moins connues et pourtant elles sont aussi des symboles de l’extrémisme de droite. C’est particulièrement le cas à Lille, et ce depuis longtemps. »

Sébastien Louis, historien et spécialiste du fanisme

Dans le documentaire « Cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le football »

Le club lillois (Losc) concentre plusieurs groupes d’ultras : les Gremlins, les Dogues Virage Est, l’Armée du Losc. Ces associations regroupent des sympathisants se revendiquant d’extrême droite et arborent fièrement des pancartes nazies ostentatoires, même si la loi l’interdit. Présents dans les stades à chaque match de championnat, ils affichent leurs convictions à travers ceRois celtiques, croix gammées, rhétorique raciste et des tatouages. « Je suis président du Losc depuis trois ans et je n’ai jamais vu de supporters ayant des connotations et des caractéristiques racistes », » soutient toutefois Olivier Létang, président du club lillois, dans le documentaire.

Quand Mohamed Bouhafsi lui montre la photo d’un supporter lillois qui affiche clairement des tatouages ​​nazis ou des crânes appelés « Totenkopf » sur sa poitrine, l’entraîneur affirme ne pas le connaître. « Nous avons identifié des groupes de supporters, pas ceux-là. Je ne les connais pas. » assure le manager du club.

Or, il est impossible pour Olivier Létang de ne pas le connaître, estime le journaliste de Streetpress Christophe-Cécil Garnier, qui travaille depuis longtemps sur cet épineux sujet. Il explique que cet homme, bien visible dans le stade de Lille, qui impose publiquement l’affichage de ses convictions, appartient forcément à un groupe d’ultras d’extrême droite parfaitement identifiés. « Cette personne, si elle était vraiment inconnue des dirigeants ultras (…) ne peut pas être ici sans connaître personne. Dans un parc, ce n’est guère possible.il explique.

Si le dirigeant du Losc reconnaît que certains hooligans sont bel et bien identifiés, il avoue son impuissance quant à la manière de les gérer. « La question est : quels sont les outils pour pouvoir faire sortir ces gens du stade ? Aujourd’hui, nous ne les avons pas ».acquiesce Olivier Létang. S’agit-il de personnes complètement opposées à nos valeurs ? Oui ! Est-ce que ce sont des gens qu’on ne veut pas voir dans un stade ? Oui en effet. » Un aveu d’impuissance qui confirme combien il semble complexe pour les autorités du football (ligues et fédérations professionnelles) de prendre réellement à bras-le-corps ce problème.

Si lae « plan Leproux » a tenté de freiner les violences entre supporters du PSG après la mort de Yann Lorence lors d’une rixe en 2010, le problème du racisme n’a jamais été réellement combattu par des mesures adéquates. Elle corrompt néanmoins de plus en plus une majorité de stades de football, notamment en France, et a conduit à une commission d’enquête à l’Assemblée nationale qui a remis un rapport en janvier 2024 pour lutter contre les discriminations et ces violences.. Face à l’inertie des dirigeants, les joueurs prennent les rênes de la révolte et n’hésitent plus à afficher leur solidarité pour lutter contre ce racisme endémique.

Le documentaire Cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le footballréalisé par le journaliste Mohamed Bouhafsi, est diffusé mardi 11 juin à 21h05 sur France 5 et sur la plateforme france.tv.