L’arrivée de l’IA sur le moteur de Google suscite des inquiétudes

Liz Reid, vice-présidente de Google, à Mountain View, Californie, le mardi 14 mai 2024.

« Laissez Google effectuer des recherches Google pour vous. » C’est avec ce slogan en forme de pirouette que Liz Reid, vice-présidente de l’entreprise, a résumé un changement important annoncé mardi 14 mai : le leader des moteurs de recherche intègre un assistant qui générera, grâce à l’intelligence artificielle (IA ), les réponses aux requêtes des internautes.

L’interface n’est pas sans rappeler celle des robots conversationnels existants, comme ChatGPT ou Gemini, de Google, mais elle est intégrée au service phare américain, search. Ce développement se déploie d’abord aux Etats-Unis dans les semaines à venir, puis dans d’autres pays d’ici fin 2024, avec pour objectif d’atteindre « 1 milliard de personnes ». Ce tournant soulève également des questions et des inquiétudes.

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Concrètement, pour des requêtes ou des questions complexes – comme « Quelles constellations sont faciles à observer dans le ciel ? » –, le moteur répondra par quelques paragraphes rédigés par l’assistant IA, accompagnés de quelques liens connexes vers des sites.

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Risque de « moteur de réponse »

Des fonctions plus avancées ou thématiques seront ajoutées. L’assistant propose donc de planifier des recettes de repas ou des voyages. Et  » Bientôt « , l’IA répondra à « requêtes nécessitant plusieurs recherches », précise l’entreprise, comme sélectionner des salons de yoga à moins de dix minutes à pied. Enfin, l’internaute pourra interroger oralement l’assistante ou intégrer une photo et, bientôt, une vidéo à sa demande.

Google considère cela comme un « changement de plateforme » comparable au passage de l’Internet fixe à l’Internet mobile. Pour l’entreprise, cela se pose des questions sur la fiabilité des réponses (les assistants font tous des erreurs factuelles), mais aussi sur la place des publicités sur son moteur (qui lui a rapporté 175 milliards de dollars, soit environ 161 milliards d’euros, en 2023, plus plus de la moitié de son activité), même sur son modèle économique (chaque requête à une IA coûte quelques fractions de centimes, et l’entreprise n’exclut pas de réserver certaines fonctions avancées à un abonnement payant).

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Surtout, depuis son annonce il y a un an, ce changement suscite des craintes chez les gestionnaires de sites Internet. « C’est un changement d’époque » estimé en Filaire Jim Yu, fondateur de BrightEdge, qui conseille les éditeurs pour optimiser leur position sur Google. « Le risque est que le moteur de recherche devienne un moteur de réponse. Et que les réponses générées par l’IA remplacent les liens vers des sites Web sur le moteur. Ce serait économiquement catastrophique pour nous. » juge Pierre Petillault, directeur général de l’Alliance Information Presse Générale, posant également la question de « transparence » conditions pour générer des réponses. Avec l’IA, Google deviendrait davantage un « jardin clos », avec des recherches génératrices « zéro clic ». Ce qui justifierait d’autant plus, aux yeux des médias, de négocier une rémunération pour l’utilisation de leurs contenus par l’IA.

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