Le contrôle des loyers à Grenoble repose-t-il sur de fausses données ?

Les loyers seront encadrés à Grenoble dès cet automne sur une partie du territoire, une expérimentation qui durera jusqu’en 2026. L’encadrement des loyers fixe un loyer maximum (en euros par m²) qui ne peut excéder 20 % d’un loyer de référence décidé par un arrêté préfectoral. L’observatoire des loyers du marché locatif privé de Clameur remet en cause lors d’une conférence de presse le maillage territorial sur lequel repose la délimitation des zones réglementées et non réglementées de la ville. « Les loyers les plus élevés se trouvent dans la zone dite les moins chères et ne sont donc pas réglementés», déclare Arnaud Simon, directeur du comité scientifique de Clameur. Dans la zone où les loyers sont considérés comme plus élevés, et qui ont donc été réglementés par la suite, certains loyers seraient chers mais d’autres seraient moins élevés.

Il y aurait trois zones de niveaux de loyers pour l’Agence Régionale d’Urbanisme Grenobloise (AURG). Crédit photo : AURG

Selon le réseau de l’observatoire local des loyers de Grenoble, il existe trois zones de niveaux de loyers. Une première zone à 12,1 euros le mètre carré, une deuxième zone à 11,8 et une troisième à 10,7. Une grande partie de la ville se situerait au-dessus du seuil de 12,10 €/m², selon Clameur. La zone blanche ou troisième zone (voir carte), celle où les prix au mètre carré seraient de 10,7 euros, est considérée comme moins chère que les deux zones du nord et n’est donc pas réglementée. Or, dans la partie blanche, dans les quartiers des Eaux Claires-Painlevé et Teisseire, les loyers seraient supérieurs à 10,7 euros le mètre carré, selon Clameur. Ils se situeraient plutôt autour de 16 euros le mètre carré. Pas moins de 82 % des IRIS (îlots regroupés à des fins statistiques, ces morceaux de quartiers utilisés par l’Insee pour ses statistiques) ont un loyer supérieur à la valeur moyenne de leur zone respective sur les trois zones, affirme Clamor. Lire la métropole reviendrait alors à sous-estimer les loyers du marché.

Il n’y a pas de rupture spatiale globale des loyers, selon Clameur. Crédit photo : Clameur

« La carte des loyers de la métropole grenobloise, qui sert de base à l’administration, est fausse. Il y a un loup. La zone blanche (NDLR : zone non surveillée) va devenir un eldorado. Il y a d’autres domaines qui vont être touchés», dénonce le président de Clameur, Jean-Michel Camizon. Avant de se demander : «Est-ce une volonté politique d’indiquer des loyers au mètre carré plus bas pour encadrer des baux volontairement bas ?» Réglementer seulement une partie d’une zone géographique entraîne une augmentation des loyers dans les zones voisines non réglementées, affirme Clameur.

Les données de l’Agence régionale d’urbanisme de Grenoble (AURG) pourraient-elles être erronées ? Ou bien sont-ils basés non pas sur le montant des loyers à un moment donné mais sur l’évolution des loyers d’une année sur l’autre ? Contactée, l’AURG n’a pas répondu à nos demandes.