les « planètes » sont-elles alignées pour permettre à Raphaël Glucksmann de « dépasser » Valérie Hayer ?

Va traverser? Ne traversera-t-il pas ? Dans la dernière ligne droite des élections européennes, les sondages montrent tour à tour la même chose : la liste de la majorité présidentielle de Valérie Hayer reste stable, s’aplatit voire baisse légèrement, tandis que celle du PS/Place Publique de Raphaël Glucksmann peu à peu , il gagne les pourcentages et se rapproche de la deuxième place. Au point de passer devant la liste soutenue par Emmanuel Macron ?

Les deux listes se rapprochent dans les sondages

Ce qui n’était presque qu’un cas d’école, lorsque publicsenat.fr posait la question le 4 avril, au vu des débuts de tremblements pour la liste socialiste, est aujourd’hui une hypothèse qui semble de plus en plus plausible. Selon le dernier sondage Harris Interactive pour Challenges M6 et RTL, seul un demi-point sépare les deux listes (15% pour Hayer, 14,5% pour Glucksmann). Avec une marge d’erreur d’environ +/- 1,5 points, la liste PS/PP est même potentiellement en avance…

Même ordre de grandeur dans les intentions de vote selon le « glissant » Ifop-Fiducial du jour pour LCI, Le Figaro et Sud Radio. Valérie Hayer est à 16% et Raphaël Glucksmann juste derrière à 15%, tandis que Jordan Bardella atteint un record pour le RN, à 33%. Le sondage ViaVoice de Libération de ce jeudi temporise cependant l’idée d’un franchissement des courbes, donnant la majorité présidentielle à 17% et la liste PS/Place publique trois points derrière, à 14%.

« Il ne faut pas regarder dans le rétroviseur si quelqu’un va vous doubler, il faut regarder devant pour aller plus vite », explique Nathalie Loiseau.

Alors, y a-t-il un incendie chez Macron ? Dans le camp présidentiel, il y a ceux qui n’y croient pas une minute. Ou qui ne veut pas y croire. « Le récit sur le franchissement des courbes n’existe pas et n’existera pas », affirme avec certitude un directeur de campagne, qui pense même que « la dynamique Glucksmann n’existe pas ».

L’eurodéputée Horizons Nathalie Loiseau, porte-parole de la campagne, minimise l’effet Glucksmann. « C’est au niveau où était Yannick Jadot en 2019 et au niveau où était la liste PS en 2014. A l’époque c’était considéré comme une catastrophe (la gauche était au pouvoir, ndlr). Cela détourne évidemment beaucoup de voix des écologistes, des rebelles, mais peu de nous. Vous ne devriez pas regarder dans le rétroviseur si quelqu’un va vous dépasser. Il faut regarder vers l’avenir pour aller plus vite », estime l’ancien ministre des Affaires européennes. Mais certains ne sont-ils pas dans le déni ? « Je ne le suis pas. Il faut faire campagne à fond, jusqu’au bout, pour montrer que nous sommes centraux au niveau européen », répond Nathalie Loiseau. Celle qui a mené la liste LREM lors des élections européennes de 2019 insiste :

Glucksmann 2024, c’est Jadot 2019. Ce n’est ni négligeable, ni exceptionnel. Ce dont nous avons besoin, c’est de monter.

L’enjeu, dans le peu de temps qui reste, est de se mobiliser. « Je ne pense pas que les choses se cristallisent dans la réalité, car on l’a vu très souvent aux européennes, les Français décident à la dernière minute », selon Nathalie Loiseau. « Quand on sait que 50 % des électeurs de Macron au premier tour, en 2022, disent pour l’instant qu’ils ne vont pas voter, il y a les voix pour remonter à 20 %. C’est l’objectif, et même au-delà», affirme François Patriat, chef du groupe des sénateurs macronistes. « L’électorat est très mobile, même de Macron à Bardella », affirme un responsable de la majorité, selon qui « l’important est que les électeurs de Macron n’aillent pas à la pêche le dimanche ». 9 heures du matin.

« Notre objectif principal est de réveiller notre électorat, c’est tout l’intérêt du débat Attal/Bardella », selon un ministre

Pour se mobiliser, les macronistes comptent sur le débat, ce soir sur France 2, entre Gabriel Attal et Jordan Bardella. « Il a été installé comme Premier ministre, leader de la majorité, c’est normal qu’il fasse un débat à un moment où il y a un vote important pour la majorité », soutient le porte-parole. « Dans la campagne, notre objectif principal est de réveiller notre électorat. C’est l’objet du débat de ce soir. Notre intérêt, c’est qu’il y ait un maximum de publics », explique un ministre qui suit la campagne.

Pour compliquer les choses pour la majorité, l’actualité n’aide pas, entre la crise en Nouvelle-Calédonie et l’attaque du fourgon de la prison. Quels peuvent être les avantages pour l’infirmière autorisée ? Nathalie Loiseau pointe « le regard de Marine Le Pen sur la Nouvelle-Calédonie ». » Et à vous entendre, la nouvelle du fourgon serait du côté du RN. Mais les députés RN ont trinqué à la buvette de l’Assemblée nationale, quand cela s’est produit, dès l’annonce de l’attaque du fourgon», affirme la porte-parole de campagne de Valérie Hayer, sans citer de nom. « Cela en dit long sur leur cynisme. Ils pensent que c’est bien pour eux, « vive l’insécurité, ça nous fait monter ». Nous luttons contre l’insécurité », dénonce Nathalie Loiseau.

« Nous suscitons l’espoir pour la gauche du pays »

Quant à l’équipe de campagne de Raphaël Glucksmann, nous ne sablons pas (encore ?) le champagne, mais nous y croyons. Si les socialistes restaient prudents il y a deux mois, ils sont aujourd’hui raisonnablement optimistes, au point d’imaginer faire passer la liste Hayer. « Nous faisons tout pour cela. Nous nous déployons le plus possible sur le terrain pour convaincre et réaliser le meilleur score. Nous n’avons pas d’objectif chiffré. Mais quand nous avons dit, lors d’une conférence de presse, que nous militons pour le remporter, cela nous a peut-être fait sourire, mais nous sommes dans le même état d’esprit », déclare Pierre Jouvet, numéro 3 de la liste Glucksmann et porte-parole du parti. liste.

« Nous suscitons l’espoir à gauche dans le pays, ce qui nous permet à la fois d’incarner ce vote efficace pour battre Emmanuel Macron et le sanctionner pour ce qu’il a fait en France et en Europe depuis 7 ans, et d’être une alternative au l’extrême droite demain», dit celui qui est également secrétaire général du PS, à Olivier Faure. Pierre Jouvet ajoute :

S’il existe effectivement une alternative à gauche qui, pour la première fois depuis longtemps, devance le candidat de Macron, cela voudra dire quelque chose.

Le leader socialiste souligne qu’« une élection est toujours une alchimie complète. C’est le parcours, la personnalité du candidat, l’équipe, le moment politique, la situation. Nous sommes dans ce moment et Raphaël Glucksmann l’incarne. Comme le rappelle Pierre Jouvet, « la politique, c’est à un moment donné l’alignement des planètes ».

C’est ce que Patrick Kanner appelle « un mélange vertueux ». « Nous avons une très bonne dynamique de campagne, je le constate au niveau territorial et à travers tous les retours que j’ai des sénateurs. Les marchés vont bien et le porte-à-porte aussi», assure le président du groupe PS au Sénat. « La deuxième explication est que le vote Glucksmann commence à devenir un vote utile à gauche », « et il permet aux électeurs de gauche, qui ont voté Macron par conviction ou par défaut, de faire passer un message », ajoute l’ancien ministre. de François Hollande.

« Glucksmann finit à 18 ou 20% si on veut dire « on donne une bonne tarte à Macron » »

Ce défenseur d’une « gauche de gouvernement » y voit son avantage. « Il s’est vraiment mis dans l’esprit de la social-démocratie, de Mitterrand, Delors, Badinter. Il n’est pas socialiste, je vous l’accorde, mais il revendique faire partie de cette grande famille de gauche des responsabilités.» Ce n’est pas un hasard si Raphaël Glucksmann s’est présenté aux côtés de Lionel Jospin mercredi dans le 18e arrondissement de Paris.

Un socialiste voit en réalité deux options possibles pour la fin de la campagne. « Cela pourrait finir à 12/14 %. Nous sommes sur notre base. Soit on a un effet mobilisateur ces derniers jours, et ça finit à 18, 19 ou 20 %, si les gens veulent dire qu’on va donner une bonne passe à Macron. Glusckmann peut être un vecteur, pour ceux qui ne veulent pas voter pour Bardella », confie-t-on. Le même espère bien sûr que « la glissade » se poursuive pour Valérie Hayer, au point de l’amener au niveau de la liste de Jean-Christophe Cambadelis, lors des élections européennes de 2014, lorsque les socialistes étaient au pouvoir avec François Hollande. Ils terminent à 13,98%, à la troisième place… Un autre acteur de la campagne ajoute :

Les macronistes sont dans le déni, ils ne veulent pas voir. En fait, ils ne nous ont pas vu arriver.

« Glucksmann est un lâche envers l’Ukraine »

En revanche, si on ne se concentre pas officiellement sur lui, en coulisses, on porte des coups contre le candidat PS/Place Publique. « Glucksmann monte, parce que les autres baissent », estime un poids lourd du groupe Renaissance. « Cela ne sert à rien », dit un autre.

« Glucksmann, je ne sais pas si son engagement européen est sincère. (…) C’est un lâche sur l’Ukraine, depuis 2 ans il dit qu’il faut faire plus et quand on parle d’envoyer des troupes, il dit attention, c’est très dangereux », dénonce un responsable macroniste, qui ajoute que « c’est détenus par les apparatchiks du Nupes-PS, aux côtés de Mélenchon pour les législatives ». Un ministre souligne son « soutien à Nicolas Sarkozy en 2007 ». Le même ajoute :

Les réseaux de Glucksmann, c’est Alternative Libérale et tous ces milieux néolibéraux qui ont soutenu la guerre en Irak.

« La surprise où Raphaël Glucksmann nous a doublé »

Mais si les attaques viennent de toutes parts, on sent une forme de fébrilité chez certains. Un député du groupe Renaissance n’exclut pas le scénario sombre. « Il y en a un qui continue de monter, c’est Glucksmann, et celui qui continue de décliner, c’est Hayer. Nous pouvons nous réveiller le 9 juin avec l’énorme surprise, qui sera peut-être le plus petit écart avec Bardella, mais aussi la surprise où Glucksmann nous a dépassé », dit ce député, qui craint une « explosion dimanche soir ». Malgré ses difficultés, tout le monde ne veut pas rejeter la responsabilité sur la candidate. « Valérie Hayer réalise un exploit, compte tenu de ce qu’elle est, de son inexpérience. Elle a été envoyée au casse-pipe. Je lui dis chapeau, lance un membre de la majorité…

Un ministre ne semble guère plus optimiste. « Dans l’histoire de la Ve République, être à 16 % dans les sondages est un miracle, après sept ans au pouvoir », estime ce membre du gouvernement… En réalité, le camp Macron prépare les esprits, en cas de bas score. « Si on se retrouve à 14 ou 18 %, on sera très triste lundi et mardi. Mais la vie continuera», estime un poids lourd de la majorité. « Depuis quand les Européens ont-ils une influence sur la vie politique française ? » demande un autre…

« C’est à la fin de la foire qu’on compte les crottes »

Malgré tout, la liste continue de s’allonger jusqu’au bout. « Le dernier meeting de campagne se tiendra à Nice, avec Edouard Philippe, le 6 juin. Il est pleinement investi », précise Nathalie Loiseau. Dans le camp Glucksmann, après un « grand rendez-vous » à Paris le 30 mai, la dernière réunion publique est prévue à Lille, « la ville de Martine Aubry. Outre sa compétence et son autorité, elle est aussi la fille de Jacques Delors, un beau symbole », souligne Patrick Kanner. Prudemment, le sénateur PS du Nord ajoute, reprenant une formule chère aux élus de la Haute Assemblée : « Comme on dit, c’est à la fin de la foire qu’on compte les crottes ».