« Vivre, mourir, renaître » de Gaël Morel, l’amour et l’amitié contre le sida

Présentant son film dans la prestigieuse section Cannes Première du Festival de Cannes, le réalisateur français nous transporte dans les années 1990 avec une histoire qui interroge l’amour et le temps.

France Télévisions – Culture Edito

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Victor Belmondo et Théo Christine dans le film

Vivre et s’aimer avec le sida ou sous la menace de cette maladie, le sujet a été exploré au cinéma par quelques films importants, plus ou moins animés par l’envie de rappeler le massacre qu’il a provoqué notamment dans les années 1980 et 1990.

Gaël Morel, qui fait son grand retour au Festival de Cannes dans sa veste de réalisateur (il a été découvert comme acteur dans Roseaux sauvages en 1994), apporte sa contribution avec un film personnel d’une grande délicatesse qui parle avant tout d’amour. Vivre, mourir, renaîtreprojeté jeudi 23 mai dans la section Cannes Première, pose une question : et si nous avions non pas une, mais plusieurs vies ?

Début des années 1990, à Paris. Emma (Lou Lampros) et Sammy (Théo Christine) s’aiment et s’apprêtent à fonder un foyer dont le petit Nathan sera la pierre angulaire. Sammy aime aussi les hommes, mais cela ne semble pas déranger Emma, ​​ce serait même « excitant » pour elle, dit-elle. Et lorsqu’il rencontre leur voisin photographe Cyril (Victor Belmondo), les deux tombent rapidement amoureux. Le couple Emma et Sammy ferait même face à cette relation vécue quasiment au grand jour, si le Sida ne s’en mêlait, dynamitant l’équilibre du trio.

Un trio ? Surtout, Gaël Morel explore avec subtilité les deux relations qui ne formeront jamais un triangle amoureux. Chaque expérience est unique, le cinéaste qui sait raconter autant l’histoire du marivaudage (séduction sexuelle ou amicale) que cet étrange ménage semble nous le murmurer à l’oreille, en dressant au scalpel ses personnages : le fougueux et immature Sammy, intelligent et Emma ensoleillée, inspirant la confiance de Cyril.

« Sérieux, mais pas sage », nous disons du photographe. Séropositif, l’homme a intégré la maladie dans son existence : «Cela m’a lancé un défi. Je suis un meilleur photographe depuis ma maladie”, se permet-il déjà. L’acteur Victor Belmondo se surpasse en générosité et en séduction.

C’est la première partie du film, courte, car elle ne peut pas durer. Elle est éminemment romantique, tempéré par les notes sobres et rassurantes de Tchaïkovski – le compositeur dont on sait en revanche qu’il a amèrement coexisté ses relations homosexuelles avec une apparente vie conjugale, à la fin du XIXe siècle.

Dans une deuxième partie du film, bien plus longue, le sujet se déplace, mettant le rapport à la mort, mais aussi à la guérison, au cœur des questions. Comment vivre avec l’épée de Damoclès du Sida ? Avec le délai, avec l’incertitude ? Comment survivre à la maladie ? Comment considérer le temps ? Que devient un projet d’avenir, que devient l’amour, l’amitié, la transmission ?

Gaël Morel expose sobrement toutes ces questions d’un coup. En faisant se dérouler le film sur dix ans, il trouve l’astuce de faire vivre – au moins en termes de mots – un quatrième personnage, celui du fils, pour relancer l’histoire. Et préparez l’avenir.

Victor Belmondo, Lou Lampros, le petit Hélyos Johnson et Théo Christine dans

Malgré quelques passages conventionnels, sans doute aidés par l’utilisation de la musique – belle, mais trop forte – de Georges Delerue, cette histoire reste linéaire, parfois surprenante et toujours époustouflante.

L'affiche du film

Genre : Drame
Directeur: Gaël Morel
Acteurs: Lou Lampros, Victor Belmondo, Théo Christine
Pays : France
Durée :
1h49
Sortie :
25 septembre 2024
Distributeur :
Sélection ARP
Synopsis : Emma aime Sammy qui aime Cyril qui l’aime aussi. Ce qui aurait pu être une histoire d’amour à la fin du siècle dernier va être dynamité par l’arrivée du sida. Alors qu’ils s’attendaient au pire, le destin de chaque personnage va prendre une tournure inattendue.