«Ma vie, ma bouche», un autoportrait fantaisiste et décalé de la réalisatrice Sophie Fillières

Comédie douce-amère sur le cheminement d’une femme pour trouver sa place et son goût pour la vie, le 7ème long métrage de Sophie Fillières a ouvert la Quinzaine des Cinéastes du festival de Cannes. Un aperçu d’autant plus émouvant que la réalisatrice est décédée en fin de tournage, laissant ses proches terminer le film.

France Télévisions – Culture Edito

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Katerine Philippe (Philippe Katerine) et Barberie Bichette (Agnès Jaoui) dans

Une standing ovation et des larmes de la part d’Agnès Jaoui, de Valérie Donzelli et de toute l’équipe du film. Rarement l’ouverture de la Quinzaine des Cinéastes à Cannes aura suscité autant d’émotion. Parce que le dernier film de Sophie Fillières touche au cœur mais aussi parce que le réalisateur manque à l’appel.

Disparue en juillet 2023, juste après le tournage du film, elle confie à ses deux enfants Agathe et Adam Bonitzer et à son monteur François Quiperé la responsabilité du montage et de la post-production du film.

Ma vie, mon visage n’est en aucun cas un hommage ou un film testamentaire, Sophie Fillières n’avait pas conscience de sa maladie lorsqu’elle a écrit le scénario. Le dernier long métrage du cinéaste retrace le parcours d’une femme pour retrouver son désir. Un chemin sinueux entre ses errances, sa peur de la mort et son goût de la joie.

Cet autoportrait se divise en trois actes : une comédie douce-amère (Pif) sur la crise de la quarantaine d’une mère, la tragédie (Paf) quand la vie bascule et enfin la résurrection (Youkou) de celle qui a trouvé sa place.

Dans la peau de Barbie Bichette alias Sophie Fillières, Agnès Jaoui incarne subtilement cette héroïne fantaisiste qui se demande le matin combien de douches il lui reste avant de mourir, brille le soir avec son gilet jaune et réprimande son psychanalyste le jour quand il refuse de prendre. participer à une conversation informelle.

Sophie Filllières n’a pas son pareil pour décrire la vie telle qu’elle se déroule et les situations cocasses. Passée maître dans l’art de l’autodérision, elle accorde à la poésie une place centrale dans son récit. En réponse à l’absurdité de la vie.

« Je découvre le film ce soir, témoigne Valérie Donzelli qui incarne la sœur de Barberie Bichette dans le film. Je trouve que c’est absolument gracieux. C’est vraiment bouleversant. Sophie Fillières n’est plus là mais Agnès Jaoui à l’écran, on a l’impression que c’est elle.»

Fantaisie et maladroit, Ma vie, mon visage bouleverse et surprend par sa lumière malgré tout. Comme cette scène où Barberie laisse ses enfants, Rose (Angelina Woreth) et Junior (Edouard Sulpice) sur le quai, pour s’enfuir dans les Highlands écossais. Un au revoir heureux et confiant. Une scène inquiétante car elle s’avère aujourd’hui prémonitoire.

Affiche de film

Genre : Drame
Directeur: Sophie Fillières
Acteurs: Agnès Jaoui, Valérie Doznzelli, Philippe Katherine, Angelina Woreth, Edouard Sulpice
Pays : France
Durée : 1h39
Sortie : 18 septembre 2024

Synopsis: Barberie Bichette, qui à son grand regret s’appelle Barbie, a peut-être été belle, peut-être aimée, peut-être une bonne mère pour ses enfants, une collègue fiable, une grande amante, oui peut-être… Aujourd’hui, il fait noir, c’est violent, c’est absurde et ça la terrifie : elle a 55 ans (ça fait 60 et bientôt plus !). Cela a été fatal, mais comment se comporter avec soi-même, avec la mort, avec la vie en bref ?