“JEJ’ai vĆ©cu en 1euhle 3ele 6epuis Ć Villeurbanneā¦ Mais, comme beaucoup de trentenaires, pour un premier achat, Lyon n’Ć©tait pas imaginable. Ā» Travaillant Ć distance pour une entreprise parisienne, Amandine, responsable de formation dans le secteur mĆ©dico-social, fait partie des jeunes Lyonnais qui choisissent la capitale du Beaujolais, ses bords de SaĆ“ne, son thĆ©Ć¢tre et son musĆ©e Paul-Dini.
Ā« Quitte Ć dĆ©mĆ©nager, je me suis dit : ‘Autant le faire franchement et trouver une ville assez grande, avec une dimension culturelle, pour qu’on n’ait pas besoin de revenir tout le temps Ć Lyon’, Ā» explique-t-elle.
Jean-Baptiste, autre ex-Lyonnais et NĆ©o-CalĆ©dois, a Ć©galement Ć©tĆ© attirĆ© par cette petite ville complĆØte, aux prix bien plus abordables : Ā« Nous avions dĆ©jĆ beaucoup de mal Ć trouver un logement Ć Lyon avec notre premier enfant, donc avec un deuxiĆØmeā¦ Ā»
Ā« Une belle surprise Ā»
Professeur d’histoire-gĆ©ographie, il prend chaque jour le train pour rejoindre son lycĆ©e en banlieue lyonnaise. Ā« Cela me prend quarante-cinq minutes de porte Ć porte, j’ai des collĆØgues qui restent Ć Lyon et prennent autant de temps Ā», constate-t-il.
Le choix de Villefranche s’est fait en regardant les lignes de train. “Au dĆ©part, nous visions le Sud, autour de Vienne, mais nous n’Ć©tions pas convaincus : la vallĆ©e du RhĆ“ne est saturĆ©e, avec beaucoup de bouchonsā¦ Nous ne connaissions pas le Nord, et c’est une bonne surprise”, constate-t-il.
Originaire de Paris, il Ā« avait besoin que ce ne soit pas trop petit. Nous voulions avant tout Ć©viter une banlieue dortoir. Nous avons retrouvĆ© une vie commerciale et une vie culturelle. C’est un bon Ć©quilibre, nous avons une maison avec un jardin, et nous faisons tout Ć pied, Ć vĆ©lo, en train… Nous avons gagnĆ© sur les deux tableaux, car nous continuons Ć voir nos amis et nos familles assez facilement. Ā»
Mettre au vert
Louise Pastouret est tout aussi heureuse de son choix de quitter Lyon pour Villefranche. Ā« A Lyon, nous Ć©tions ravis de profiter des restaurants, des thĆ©Ć¢tres, de la cultureā¦ Mais tout s’est arrĆŖtĆ© du jour au lendemain avec le Covid, et la famille s’est agrandie. Comme nous sommes tous les deux indĆ©pendants, devenir propriĆ©taires Ć Lyon n’Ć©tait vraiment pas dans nos moyens Ā», souligne la jeune femme.
CrĆ©atrice du mĆ©dia Les e-novateurs.com, dĆ©diĆ© au Ā« numĆ©rique responsable Ā», elle a trouvĆ© Ć Villefranche Ā« plus d’espace, un petit jardin en centre-ville, l’Ć©cole, la piscine, les commercesā¦ Et, quand on veut passez au vert, c’est Ć trois minutes en voiture.
Elle continue de revenir Ć Lyon deux fois par mois. Si les musĆ©es et les amis lui manquent aussi, elle est ravie d’avoir commencĆ© Ć faire sa place ici : Ā« Nous avons mĆŖme recrutĆ© des bĆ©nĆ©voles pour notre mĆ©dia, c’est trĆØs sympa de pouvoir le dĆ©velopper lĆ oĆ¹ nous vivons. Ā»
Amandine revient aussi rĆ©guliĆØrement : Ā« Tous les deux mois, pour des concerts, du thĆ©Ć¢treā¦ Mais je me sens bien Ć Villefranche, les gens sont gentils et accueillants. Elle, qui fait tout Ć vĆ©lo, regrette que la ville soit Ā« encore trĆØs axĆ©e sur l’automobile. On ne se sent pas toujours en sĆ©curitĆ©, les voitures nous frĆ“lent. Mais Ƨa va mieux, ils vont construire une piste cyclable devant chez moi.Ā»
Plus de proximitƩ
Ravi d’accueillir ces nouveaux habitants, le maire, Thomas Ravier (divers droite), ne veut nĆ©anmoins pas accĆ©der Ć toutes leurs demandes, ni Ā« chasser la voiture du centre-ville. Quand on habite Villefranche, il est encore difficile de tout faire en transports en commun. Et nos commerƧants disent que pouvoir venir facilement en voiture attire une clientĆØle qui ne vient plus Ć Lyon.
La ville est fiĆØre d’avoir, en 2021, terminĆ© premiĆØre du classement Mytraffic-Villes de France des centres-villes dynamiques. Selon son maire, elle a gagnĆ© 2 000 habitants depuis 2020, pour atteindre 38 000, mais n’a plus progressĆ© depuis deux ans, malgrĆ© de nombreuses constructions. Ā« Nous avons aussi un phĆ©nomĆØne de cohabitation : les familles qui partent en banlieue et qui divorcent ont tendance Ć prendre des appartements en centre-ville Ā», prĆ©cise le maire.
Avec des prix Ā« autour de 3 500 euros le mĆØtre carrĆ© pour les immeubles neufs et 2 500 pour les immeubles anciens Ā», Villefranche-sur-SaĆ“ne continue d’attirer les Lyonnais qui souhaitent rester Ā« en ville Ā». La cohabitation avec ces nouveaux habitants se passe bien, assure Thomas Ravier : Ā« On n’a pas le phĆ©nomĆØne de ces nĆ©o-ruraux qui se plaignent, car ils retrouvent Ć Villefranche presque tout ce qu’ils avaient Ć Lyon, avec plus de proximitĆ©. C’est plus simple de faire ses dĆ©marches, d’aller Ć la caisse d’allocations familiales, on a des Ć©quipements culturels, un multiplex, un hĆ“pital dont les urgences pĆ©diatriques sont trĆØs bien notĆ©es. Ā» Les mĆ©decins lyonnais y rĆ©fĆØrent rĆ©guliĆØrement leurs patients pour leur Ć©viter les longues files d’attente Ć la HFME de Bron.
MalgrĆ© tout, l’attractivitĆ© de Lyon reste trĆØs forte sur le plan Ć©conomique, comme en tĆ©moignent les Ā« 13 000 navetteurs Ā» qui s’y rendent chaque jour. Thomas Ravier attend avec impatience le fameux Ā« RER Ć la lyonnaise qu’on nous a promis pour 2030 Ā», mĆŖme s’il prĆ©vient qu’il Ā« ne veut pas devenir le 10e arrondissement de Lyon. Il faut l’utiliser pour donner un supplĆ©ment de vie Ć nos communautĆ©s, nous ne voulons pas ĆŖtre comme les villes dortoirs de la rĆ©gion parisienne.Ā»
Il croit Ć©galement beaucoup au dĆ©veloppement du tĆ©lĆ©travail, avec de nouveaux espaces de coworking : Ā« Nous avons un promoteur qui fait le pari de mettre des bureaux dans des espaces communs, Ć partager entre les habitants d’un nouvel immeuble. Ā» Mais c’est surtout l’activitĆ© qu’il espĆØre accueillir dans sa commune.
Ā« Tout le monde se connaĆ®t Ā»
David Cazabonne y croit. AprĆØs avoir dirigĆ© une pizzeria Ć La GuillotiĆØre (Lyon 7) pendant vingt-cinq anse), il franchit le pas et reprend une petite institution de Villefranche, le restaurant Les Acacias.
Ā« La prĆ©caritĆ©, la saletĆ©, l’esprit de famille qu’on n’avait plus dans le quartier de la GuillotiĆØreā¦ Pourtant, je l’aimais beaucoup, son cĆ“tĆ© populaire, multiculturel, il y avait un esprit villageois qui s’est perdu. J’ai l’impression de retrouver Ƨa Ć Villefranche : tout le monde se connaĆ®t, il y a beaucoup de bienveillanceā¦ Ā» explique-t-il.
Pour lui, Ā« cāest le Covid qui a changĆ© la donne. On a commencĆ© Ć avoir plus d’attaques, la clientĆØle fĆ©minine a dĆ©sertĆ©, il a fallu commencer Ć faire des livraisons car les gens vont moins au restaurant le midi…” Ayant vĆ©cu des annĆ©es dans le Beaujolais, il s’Ć©pargne aussi les embouteillages en venant travailler Ć Villefranche. et pourra allĆ©ger son rythme de travail.
Ā« A Lyon, je n’ai jamais pris de vacances, je travaillais du lundi au dimanche, je partais Ć 9 heures, je rentrais Ć 2 heures du matin. Autant dire que je n’ai pas beaucoup vu mes enfantsā¦ A Villefranche, les charges sont plus nombreuses. Ā« abordable, nous n’avons pas Uber Eats et Deliveroo, les gens continuent d’aller dĆ©jeuner au restaurant plutĆ“t que de se faire livrer au bureau Ā», se rĆ©jouit l’entrepreneur. Et les restaurateurs peuvent profiter de leurs week-ends en famille.