Rubis, un opérateur énergétique en difficulté

Neuf fois sur dix, on s’ennuie lors des assemblées générales. Mais parfois, l’assemblée annuelle des actionnaires se transforme en une grande scène de théâtre, où se joue une pièce pleine de suspense et de rebondissements. L’assemblée générale de l’énergéticien Rubis, qui se tient mardi 11 juin après-midi, s’annonce dans cette veine. Il faut dire que l’homme d’affaires breton Vincent Bolloré a été invité au casting, gage d’aventures certain.

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Jusqu’ici, cette société créée en 1990 par le banquier Gilles Gobin, associé à Jacques Riou, avait reçu peu d’attention, même si sa stratégie de niche lui permettait de prendre des positions de leader dans les Caraïbes ou en Afrique. dans la distribution d’essence ou de bitume. Cette entreprise capitalise 3,3 milliards d’euros en Bourse, mais elle valait plus de 5 milliards avant la pandémie de Covid. Le marché avait peu de goût pour le rachat en 2021 du producteur d’énergie solaire Photosol, une diversification réalisée au prix fort selon ses détracteurs, même si le cours a rebondi ces derniers mois, notamment en raison de la spéculation.

Une pépite sous-évaluée ? Un groupe dirigé par deux septuagénaires, dont l’un est en train de passer le sceptre à sa fille ? Une trésorerie de près d’1 milliard d’euros après la cession de l’activité stockage d’énergie ? Si l’on ajoute que la forteresse semble imprenable, car organisée comme un mécénat d’actions, tous les ingrédients sont réunis pour attirer Vincent Bolloré. Ce dernier a révélé, fin mars, détenir plus de 5% du capital de Rubis. Une opération réalisée, en toute cohérence chromatique, à travers sa holding Plantations des Terres Rouges. C’est un  » investissement financier « a expliqué Cyrille Bolloré, le directeur général du Groupe Bolloré, expression équivalente en grammaire des affaires « Bollorienne » au célèbre « Puis-je revenir juste pour prendre un dernier verre? » ».

Un « contrepoids au management »

A ce stade, le groupe Bolloré reste toutefois à la traîne. Deux autres investisseurs sont impliqués. Le premier, Patrick Molis, propriétaire depuis 1999 de la Compagnie nationale de navigation (CNN), ancienne branche transport maritime du groupe Worms, a indiqué avoir également acquis une participation de 5,3% dans le capital de Rubis. Pour lui, la contre-performance boursière est liée à l’archaïsme du sponsoring et « efficacité limitée » du conseil de surveillance. Le financier a déposé des résolutions visant à remporter la moitié des sièges au « conseil » de Ruby.

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