Situation « difficile » dans le nord-est, Kiev accuse la Russie d’exactions contre les civils

L’Ukraine a affirmé jeudi qu’elle ralentissait l’avancée militaire russe dans le nord-est du pays, mais la situation y reste « extrêmement difficile » selon le président Volodymyr Zelensky, Moscou y menant une offensive qui lui a permis d’engranger ses gains territoriaux les plus importants. depuis fin 2022.

Toutefois, selon un haut responsable militaire de l’OTAN, les forces russes « ne disposent pas des forces nécessaires pour réaliser une percée stratégique ».

« Ils n’ont ni les compétences ni la capacité pour le faire », a déclaré jeudi soir le commandant suprême allié en Europe, le général américain Christopher Cavoli.

Les autorités ukrainiennes ont également accusé l’armée russe d’avoir exécuté au moins un civil ukrainien et d’avoir utilisé une quarantaine d’autres comme « boucliers humains » à Vovchansk, ville de la région de Kharkiv (nord-est) et cible d’un assaut des troupes russes. qui a conquis, selon les estimations de l’AFP, près de 260 km2 en une semaine.

Le président Volodymyr Zelensky s’est rendu jeudi à Kharkiv, la capitale régionale et deuxième ville du pays, pour une réunion de son cabinet militaire.

« A ce jour, la situation (…) est globalement sous contrôle, nos soldats infligent des pertes importantes à l’occupant », a déclaré M. Zelensky.

« Mais la zone reste extrêmement difficile, c’est pourquoi nous renforçons nos unités », a-t-il ajouté.

Le gouverneur régional Oleg Synegubov a déclaré que « l’ennemi » avançait toujours dans la région de Lyptsi et que les Russes continuaient d’essayer de « prendre Vovchansk ».

« On ne peut pas dire que nos soldats ont réussi à stabiliser la ligne de front », a-t-il reconnu tout en estimant que la phase « active » de l’avancée adverse « a été stoppée ».

Dans la matinée, l’armée a affirmé avoir réussi à « stabiliser partiellement la situation » et à stopper l’avancée russe dans « certains » secteurs.

Le ministre de l’Intérieur Igor Klymenko a accusé la Russie d’avoir procédé à des détentions arbitraires de civils et à au moins une exécution sommaire à Vovchansk, une ville de 18 000 habitants avant la guerre.

– « Bouclier humain » –

Plus tard dans la journée, la police de la région a clarifié ces accusations, affirmant que l’armée russe détenait entre 35 et 40 civils, les utilisant comme « boucliers humains » pour protéger un quartier général militaire.

Un habitant âgé qui tentait de s’enfuir à pied vers un territoire contrôlé par l’Ukraine a reçu une balle dans la tête, selon la même source.

L’AFP n’est pas en mesure de confirmer ces accusations de source indépendante. La Russie n’a pas réagi immédiatement.

Les forces russes ont été accusées de nombreux abus documentés en Ukraine, notamment le massacre de centaines de civils à Bucha, une banlieue de Kiev qu’elles occupaient au début de leur invasion en 2022.

La Russie a lancé le 10 mai une nouvelle offensive terrestre contre la région de Kharkiv, pénétrant par le nord dans deux secteurs frontaliers, ceux de Vovtchansk et de Lukiantsi, localités situées respectivement à une cinquantaine et une trentaine de kilomètres de la ville de Kharkiv.

Le chef de l’administration militaire de Vovchansk, Tamaz Gambarashvili, a été blessé jeudi lors d’une attaque contre un village voisin, a indiqué le gouverneur régional. Cinq autres hommes ont été blessés, dont deux médecins.

Entre le 9 et le 15 mai, les Russes ont conquis 257 km2 dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse de l’AFP jeudi basée sur les données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW).

– Tirs incessants –

Selon les secours, 8.800 personnes ont été évacuées ces derniers jours. Dans la ville de Kharkiv, les personnes évacuées de Vovchansk continuent d’arriver au centre humanitaire.

Parmi eux, Nadia Borodina, 85 ans, foulard rouge traditionnel sur la tête, son chien en laisse et son chat dans un sac plastique.

Elle a attendu trois jours pour être évacuée, avec peu de nourriture et aucun moyen de communication.

« Les soldats sont arrivés et ont crié ‘Allons-y, allons-y !’ et nous sommes partis en cinq minutes », a déclaré la vieille dame à l’AFP. « J’ai vécu la Seconde Guerre mondiale mais aujourd’hui c’est encore plus effrayant !

L’assaut russe exploite l’affaiblissement des forces ukrainiennes ces derniers mois, Kiev manquant d’hommes, mais aussi d’armes et de munitions en raison des retards de l’aide militaire occidentale.

Dans la ville ukrainienne de Donetsk, occupée par les forces russes depuis 2014, quatre femmes ont été tuées jeudi soir par des frappes ukrainiennes près d’un arrêt de bus, ont annoncé les autorités pro-russes.

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